Coopération Burkina-Guinée-Mali : « Nous ne sommes pas contre la CEDEAO, nous voulons donner l’exemple à travers nos trois pays »

Coopération Burkina-Guinée-Mali : « Nous ne sommes pas contre la CEDEAO, nous voulons donner l’exemple à travers nos trois pays »

Le Burkina Faso, la Guinée et la Mali sont conscients de la vision commune qu’ils partagent. Cette vision s’inspire de l’engagement panafricain des pères fondateurs et leaders historiques des trois pays en faveur de la souveraineté, de la paix, de la coopération et de l’intégration des peuples. C’est ce qu’on peut retenir du communiqué final de cette rencontre tripartite à Ouagadougou.

Attendue en début d’après-midi, la déclaration conjointe des trois ministres des affaires étrangères a été livrée aux environs de 20h. Entourée de ses homologues de la Guinée et du Mali, la ministre burkinabè des affaires étrangères, Olivia Rouamba, a procédé à la lecture du communiqué final.

Les trois délégations ont noté la tenue de consultations politiques et diplomatiques au plus niveau « afin de faire de ce partenariat Bamako-Conakry-Ouagadougou, un axe gagnant pour le bien-être des populations », a affirmé Olivia Rouamba. Il s’agit du développement du commerce, des transports, de l’approvisionnement en produits de première nécessité, de la formation professionnelle, du développement rural, de l’exploitation minière, de la culture et des arts…

Chemin de fer Conakry-Bamako-Ouagadougou

En termes de perspectives, plusieurs points ont été retenus. Il y a la facilitation de la fourniture en hydrocarbures et en énergie électrique entre les trois pays ; le développement du commerce et des transports du port de Conakry jusqu’au Burkina Faso en passant par le Mali ; et l’organisation de l’exploitation minière entre les trois pays.

Puisqu’il s’agit de développement, les trois délégations comptent mobiliser des ressources nécessaires en vue de réaliser le projet de construction du chemin de fer Conakry-Bamako-Ouagadougou et la construction des routes intermédiaires entre les trois pays « devant servir de leviers de croissance économique et faciliter la libre circulation des populations et de leurs biens ».

Et pour y parvenir, Abdoulaye Diop, le ministre malien des affaires étrangères, pense qu’il faut tout simplement de la volonté. « Encore une fois, nous pensons que les difficultés auxquelles nos pays sont confrontés ne sont pas des difficultés liées à des questions d’absence de moyens financiers. Il s’agit essentiellement de questions liées à l’absence de volonté, à l’absence d’engagement et au fait que nous ne cherchons pas de solutions dans nos pays », a-t-il insisté.

Lutte contre l’insécurité

En ce qui concerne la lutte contre l’insécurité dans la bande sahélo-saharienne, les trois délégations ont relevé la nécessité de conjuguer leurs efforts et ceux des pays de la sous-région et de la région pour faire face au fléau. « Elles appellent à une mise en cohérence des actions au niveau régional sur la base des efforts bilatéraux déjà mis en œuvre », a laissé entendre Olivia Rouamba du Burkina Faso.

Même si la Guinée n’est pas confrontée au phénomène du terrorisme, Dr Morissanda Kouyaté, son ministre des affaires étrangères, a indiqué qu’il faut « être proactif » et ne pas attendre que le mal frappe d’abord le pays. Et l’autre conviction, c’est celle du panafricanisme. « Comme le dit le colonel Mamady Doumbouya, le président de la transition, quand un pays africain est attaqué, la Guinée se sent directement attaquée », a-t-il illustré.

Relations avec la CEDEAO

Depuis la capitale du pays des hommes intègres, les trois Etats ont déploré « les sanctions imposées de façon mécanique qui ne tiennent souvent pas compte des causes profondes et complexes des changements politiques ». Ils ont indiqué que ces décisions de suspension empêchent la participation de leurs pays aux instances statutaires de la CEDEAO et à l’Union africaine et particulièrement celles traitant des défis majeurs auxquels ils sont les plus concernés tels l’insécurité, les questions humanitaires et de développement économique durable »

Le Burkina Faso, la Guinée et le Mali ont, au cours de ce mini-sommet, réaffirmé leur attachement aux objectifs et principes de la CEDEAO. « Nos trois pays en transition demandent à ce qu’on étudie profondément les causes des changements et, à partir de là, qualifier les instances et les éléments de décisions au niveau de l’Union africaine et de la CEDEAO. Nous n’inventons pas la roue. Nous ne sommes pas contre l’Union africaine, nous ne sommes pas contre la CEDEAO. Nous voulons plutôt donner l’exemple à travers ces trois pays que nous pouvons faire mieux, qu’on peut faire plus pour les populations africaines », a déclaré Dr Morissanda Kouyaté.

Il faut retenir qu’au terme de cette rencontre tripartite, les délégations se sont engagées à renforcer le partenariat entre leurs pays et à encourager la recherche de solutions endogènes aux défis auxquels ces pays sont confrontés.

 

Cryspin Laoundiki
Lefaso.net






 
 

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