Haïti : Les derniers coups qui presseraient la venue de la Mission multinationale - fallait-il remuer le couteau dans la plaie ?

Par Elmano Endara Joseph

Soumis à AlterPresse le 29 mai 2024

La récente tragédie de l’assassinat de Davy et Natalie Lloyd, ainsi que de Jude Montis, dans la nuit du jeudi 23 mai 2024, fume. Elle a secoué non seulement Haïti, mais aussi la communauté internationale. Les circonstances de ce meurtre ont déclenché des spéculations sur ses répercussions politiques et stratégiques, notamment en ce qui concerne la présence internationale en Haïti.

La question, de savoir si cet événement pouvait être un complot pour justifier une intervention internationale ou une occupation militaire, est complexe. Cependant, l’histoire d’Haïti est marquée par des interventions étrangères, et chaque crise majeure ravive les débats sur les motivations, les contextes de crise et les conséquences de ces interventions.

Un tour d’horizon sur le passé composé haïtien nous permet de rallier certains facteurs aux contextes historiques des interventions en Haïti.

En juillet 1915 : suite à l’assassinat du président haïtien, les États-Unis d’Amérique ont occupé Haïti, justifiant leur action par le besoin de stabiliser le pays et de protéger leurs intérêts.

En septembre 1994 : les États-Unis ont mené une intervention militaire pour restaurer le président Jean-Bertrand Aristide après le coup d’État militaire du 30 septembre 1991.

Plus près de nous, en 2004 : après des mois de troubles, une force multinationale, dirigée par les Nations unies, a été déployée pour rétablir l’ordre et la sécurité en Haïti.

Théories sur l’assassinat récent

Il s’agit peut-être d’un complot pour justifier une intervention rapide. Disons-le bien, peut-être.

Certains pensent que cet assassinat pourrait être utilisé par des forces extérieures pour justifier et presser une intervention militaire ou le déploiement d’une mission internationale, sous prétexte de rétablir la sécurité et la stabilité tant attendue par la population haïtienne.

Élément déclencheur d’une réponse internationale

D’autres estiment que, indépendamment d’un complot, cet incident tragique pourrait inciter la communauté internationale, notamment les États-Unis, à intervenir davantage en Haïti pour protéger les citoyennes et citoyens, leurs ressortissantes et ressortissants, et restaurer l’ordre et la paix.

Réactions et implications politiques

Un député de l’État du Missouri, Ben Baker, le père de Natalie, a confirmé la mort de sa fille et de son gendre Davy Lloyd, soulignant l’impact personnel et politique de cet événement aux États-Unis. Ce qui pourrait presser les États-Unis à intervenir en urgence. De fait, certains hauts fonctionnaires yankees ne cachent pas leur indignation.

Impact sur la politique américaine

La mort de citoyens américains à l’étranger, surtout dans des circonstances violentes, attire souvent l’attention et peut influencer les décisions politiques en matière de sécurité internationale et d’interventions étrangères. Voilà pourquoi, qui sait, faut-il s’attendre à une réponse rapide des États-Unis.

L’assassinat de Davy et Natalie Lloyd, ainsi que de Jude Montis, et divers dégâts orchestrés par des hommes armés dans cet orphelinat posent des questions graves sur la sécurité en Haïti et les réponses internationales rapidement appropriées. Qu’il s’agisse d’un complot ou non, cet événement pourrait servir de catalyseur pour une intervention accrue en Haïti, alimentant les débats sur la souveraineté et l’implication étrangère dans les affaires haïtiennes.

Climat d’émeutes

De plus, le contexte en Haïti reste très préoccupant, avec une recrudescence des violences des gangs armés, notamment à Port-au-Prince et ses environs. Cette escalade de violences semble précipiter le déploiement de la force multinationale, qui vise à répondre à la criminalité grandissante.

En effet, Davy et Natalie Lloyd, missionnaires à plein temps en Haïti, sont témoins, malheureusement, de cette situation critique. Les récentes attaques des commissariats de police, notamment à Croix-des-Bouquets et dans la Plaine du Cul-de-Sac, ont placé ces zones sous le contrôle de bandits armés.

En outre, la dernière attaque sanglante survient, alors que se prépare le déploiement de la Mission multinationale d’appui à la sécurité (Mmas). Cette mission a pour objectif de lutter contre l’insécurité chronique en Haïti et de restaurer un semblant de stabilité dans le pays.

En fait, la situation en Haïti reste extrêmement préoccupante, avec l’intensification des violences perpétrées par des gangs armés. Malgré les efforts diplomatiques et sécuritaires en cours, notamment les discussions récentes entre le président Joe Biden et le président kényan William Ruto, concernant le déploiement imminent de forces de police kényanes pour aider à réprimer les violences des gangs, la situation ne semble pas s’améliorer sur le terrain.

Les gangs sembleraient profiter, peut-être, de l’annonce de cette intervention étrangère pour renforcer leurs actions violentes. Il n’est pas encore clair quels groupes spécifiques sont responsables des récentes escalades, que ce soit "les talibans de Canaan" dirigés par "Jeff", le baron de la plaine connu sous le nom de lanmò san jou, ou chen mechan.

Effort double

Les autorités haïtiennes, avec le soutien international, travaillent à la mise en place d’une superstructure pour renforcer le Conseil de sécurité nationale. Cependant, les violences ont pris une nouvelle ampleur depuis le début de la construction de la base de la mission multinationale.

Rappelons que les quartiers de Solino et les communes de Carrefour et Gressier ont été particulièrement touchés. Hier, une attaque du gang 400 Mawozo contre Thomazeau a été particulièrement meurtrière, faisant au moins 4 morts et incendiant plus d’une dizaine de maisons.

Ces événements malheureux illustrent la complexité et la gravité de la crise sécuritaire en Haïti, nécessitant des interventions coordonnées et robustes pour restaurer la paix et la sécurité en Haïti.

Mais, qui a pressé réellement l’intervention rapide de la mission ?

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