par Sputnik Afrique
Après la conquête du continent africain, l’Europe n’a pas abandonné les méthodes de l’époque de l’esclavage, rappelle la diplomatie russe dans un rapport sur la politique coloniale française.
L’instance cite en exemple l’histoire du bassin du Congo dans lequel un système de travail forcé a été mis en place par les Belges et les Français au début du XXe siècle. Cela a causé la mort de centaines de milliers de personnes.
«Pendant l’occupation, les colonisateurs détruisaient des régions, des villes et des villages entiers; des milliers de civils ont péri», indique le document.
Un échange injuste
Acheter la production des fermiers africains pour rien et gonfler les prix des produits importés de la métropole : telle était une autre méthode pour s’enrichir aux dépens du continent.
«À la veille de la Seconde Guerre mondiale, entre 67% et 98% de la valeur des exportations totales de la plupart des colonies provenaient d’une seule culture», fait remarquer le ministère russe des Affaires étrangères.
Pour la Gambie et le Sénégal c’étaient les arachides, pour le Zanzibar les clous de girofle, en Ouganda le coton, en Côte d’Or le cacao et en Rhodésie du Sud le tabac. Au Gabon et dans certains autres pays, les bois d’ébénisterie sont devenus des monocultures.
Des frontières arbitraires
La carte politique de l’Afrique, avec ses frontières rectilignes, est le résultat de son partage entre puissances européennes au tournant des XIXe-XXe siècles. Un partage réalisé sans aucune prise en compte des particularités politiques et culturelles des peuples qui vivaient sur ces territoires.
«44% [des frontières, ndlr] suivent les méridiens et les parallèles, 30% passent par des frontières naturelles et géographiques comme des fleuves, des lacs, des bordures de déserts. Marquant la souveraineté d’un État sur un territoire donné, ces frontières découpent les 177 zones culturelles de l’Afrique», détaille le rapport.
Restrictions du capital national
Les grandes entreprises industrielles, les mines, les banques, les transports et les exploitations agricoles appartenaient à des hommes d’affaires étrangers ou étaient sous leur contrôle, rappelle le rapport.
«Les monopoles soutenus par les autorités coloniales décourageaient l’entrepreneuriat africain car les Européens considéraient les Africains comme des concurrents potentiels».
À l’exception de l’Égypte et des pays du Maghreb où certaines filières étaient accessibles aux hommes d’affaires locaux. En revanche, en Afrique subsaharienne, seule la création de petites entreprises était possible.
Donc, le retard économique des pays africains peut être à juste titre «attribué à l’histoire de leurs relations avec les conquérants, les esclavagistes et les colonisateurs européens».
La valeur ajoutée de même qu’une partie des produits nécessaires aux populations locales ont été retirés de force pour garantir un bon niveau de vie aux Européens. Il en a résulté la pauvreté pour les Africains, voire leur mort, souvent présentée comme un processus naturel.
Une fiscalité trop lourde
Pour comparer, en 1925, la totalité des charges fiscales s’élevait à 9% du PIB des colonies françaises, alors qu’en 1955, ce chiffre était déjà de 16%.
Dans le même temps, les dotations budgétaires allouées aux colonies dans les années 1950 ne représentaient que 2,7% du PIB des possessions françaises d’Outre-mer.
Rapatriement des trésors pillés à l’Afrique
La France possède des objets appartenant au patrimoine historique et culturel d’une trentaine de pays africains. Certaines de ces œuvres ont été exportées illégalement non seulement des colonies françaises, mais aussi de pays qui ne l’étaient pas, comme ce qui est aujourd’hui l’Éthiopie, le Ghana, le Nigéria et la République démocratique du Congo.
Toutefois, les tentatives des pays africains de récupérer les objets volés sont souvent vaines. En cause, le cadre international sur le statut des biens culturels construit avec les efforts des anciennes métropoles.
Un nouveau mécanisme de contrôle
Le système de la Françafrique, créé par Paris au début des années 1960, a placé les pays africains «dans une dépendance économique et géopolitique vis-à-vis de la France», affirme le rapport.
Le «mécanisme de domination française» était assuré par la corruption des dirigeants africains, la présence militaire, l’envoi de mercenaires et la formation des élites post-coloniales dans les universités de l’ancienne métropole.
L’objectif de la Françafrique ? Un «contrôle total sur les processus politiques et économiques» dans les anciennes colonies françaises, résume la diplomatie russe.
source : Sputnik Afrique