
par Mohamed Ghermaoui
On assiste de plus en plus à un environnement où plane une atmosphère de méfiance, de circonspection et d’incrédulité, une atmosphère morose, effrayante et kafkaïenne, une atmosphère de confusion et d’incertitude, une atmosphère où il serait épineux et audacieux de s’aventurer à prospecter un scénario crédible à terme. Pourtant le schéma est clair. Il dessine la confrontation de deux tendances rivales et antagonistes. Et ce, par leurs visions stratégiques, leurs principes, leurs apports, leurs actions et leurs philosophies.
Acteurs principaux de la confrontation
De par leur histoire, ces deux antagonistes tracent deux alignements idéologiques antithétiques et incompatibles. Une histoire tumultueuse et frénétique pour le premier, une histoire pleine de rebondissements et d’agitations, une histoire de conquêtes, de colonialismes, de guerres, de complotisme, de révolutions de couleurs et de fausses bannières, une histoire de mensonges, de manipulations et de propagandes, d’inversions victimaires et de subversions. Versus cette fresque historique, une histoire de combat vertueux et de sagesse pour le deuxième.
Cette confrontation se traduit ces derniers temps par une palette de turbulences et de bouillonnements.
- La guerre en Ukraine.
- Le génocide à Gaza.
- La guerre au Liban.
- La guerre en Syrie.
- Les révolutions de couleurs dans plusieurs pays, particulièrement en Roumanie et en Géorgie.
- La guerre entre les deux Soudans.
- Les guerres dans plusieurs pays africains.
- …
Remarquons tout simplement que le terme que partagent tous ces titres, c’est la guerre.
Nouvel acteur, apparemment très actif
La réélection de Trump vient pour «rompre avec cette réalité sanglante». Il ne reste que par ses engagements électoraux. Trump et son staff se veulent pacifiste et contre les guerres. Je mettrais fin à cette guerre en 24 heures, disait-il concernant l’OMS en Ukraine. Ou encore, jamais cette guerre n’aurait eu lieu, si j’étais le président des EU. Ça fait plus de cinquante jours qu’il est en règne et la guerre ne fait que s’amplifier. Ça fait plus de cinquante jours qu’il préside les EU et les tueries et les massacres en terres occupées de Palestine ne font qu’empirer. Ça fait plus de cinquante jours qu’il détient les manivelles de la présidence aux EU et rien n’a changé dans le décor géopolitique mondial. Pire encore, il déclenche d’autres possibilités d’ouverture de conflits et d’agitation. L’annexion de Canada et Groenland et l’augmentation des droits de douane faramineuse et astronomique ne sont que la partie visible de l’iceberg.
La question que se pose tout le monde, sauf bien sûr les esprits décérébrés, aliénés et manipulés (les médias grand public et les intellects corrompus et conformistes), c’est, qu’est-ce qu’il est entrain de manigancer et échafauder ce Mr Trump. Il déclare trop de choses à la fois qu’on arrive très mal à paramétrer ces déclarations et à les insérer dans un modèle cohérent et crédible qui nous permet de raisonner et d’assimiler ce qui se passe. Il n’y a pas un jour où Trump ne fait pas parler de lui. Il n’y a pas un jour où Trump, depuis son investiture, n’apparaît pas sur les écrans pour faire de ces scènes théâtrales un spot médiatique. Et cela même quand il est chez lui en Californie au cours des week-ends où il est censé se reposer.
On ne peut pas se faire une idée ou essayer de comprendre l’attitude de Trump si on détache sa personnalité de l’environnement d’où il émerge et où il baigne maintenant. Trump ne vient pas de nulle part. Trump ne peut en aucun cas se permettre de prendre des décisions à lui seul. Beaucoup d’artisans de la stature de Trump ont misé et financé lourdement pour le faire réussir, particulièrement Elon Musk. Et certainement la liste des contribuants n’est jamais connue pour tout le monde. Dieu sait que la manne réservée à la campagne électorale aux États-Unis est salée. Trump comme la majorité des intellos américains se considèrent comme suprémacistes, hautains et méphistophéliques. Trump ne le cache absolument pas. Au contraire, ça l’enchante et il est ravi de son arrogance et de son mépris pour tout le monde, aussi bien pour ces ennemis que pour ces sibres classiques.
Et l’Europe ?
Face à cette nouvelle configuration inattendue et inadmissible, l’Europe est désemparée et déboussolée mais certainement pas déconnectée. L’Europe s’affole, l’Europe ne comprend pas, l’Europe ne s’attendait pas à ça, l’Europe ne doutait pas. Pourtant, les signes avant-coureurs étaient bien établis. Le rouleau compresseur américain pour anéantir/dézinguer et mettre à plat l’économie européenne (particulièrement allemande) a été déclenché depuis belle lurette. L’Europe justement, ses élites du moins, n’était sûrement pas aveugles devant ces manipulations, certainement pas. Ils acceptaient de jouer le jeu. C’est pourquoi, ils n’ont jamais été déconnectés. Ils ont participé d’une façon ou d’une autre à tout ce qui se passe actuellement dans le monde, le génocide à Gaza, les révolutions en couleur, la guerre en Ukraine, etc.. Ils ont toujours accepté d’être soumis et ineptes. En contrepartie, ils espéraient être tout le temps sous le parapluie sécuritaire des EU. Ce n’est plus vrai. Trump exige d’élever les dépenses européennes en armement militaire de 5% du PIB. Le DOGE sous la direction d’Elon Musk a été conçu dans l’esprit de la minimisation des dépenses jugées inutiles et inefficaces. La quasi-totalité des aides destinées à l’extérieur, militaires ou pas, font l’objet des objectifs de cette institution.
Ceci dit, ni les élites européennes, ni celles américaines et consorts ne peuvent se détacher et s’affranchir des mythes qui les hantent structurellement et obsessionnellement qui sont la dépopulation et le transgenrisme (le milliard doré). Ils sont tous obsédés, fusionnés et programmés par le «big reset», la grande réinitialisation. Tous les Young Leaders sont formatés pour l’accomplissement et la réalisation de cet objectif.
Conclusion
Pour conclure, à partir de tous ce qui a été soulevé ci-dessus, ajoutons quelques faits pertinents.
• L’Occident a parié sur la défaite de la Russie via une guerre interposée. Le scénario de la guerre en Ukraine a été soigneusement et minutieusement préparé pour faire saigner la Russie après une guerre hybride de reddition. Tous les moyens nécessaires pour l’accomplissement de cet objectif maléfique et odieux ont été mis en œuvre, les trains de sanctions, l’armement et l’argent, entre autres. L’Occident et particulièrement les EU ont été imcapables/subjugués face aux performances/préparatifs des Russes sur le terrain de guerre, une guerre de très haute intensité. L’Oreshnik a été la cerise sur le gâteau. Ils ont été submergés par l’effet boomerang.
• Trump doit gérer l’effondrement de l’empire américain et pas seulement la défaite en Ukraine, comme le prétendent énormément d’analystes. La Russie n’a pas seulement étonné les Occidentaux sur les terrains de bataille mais aussi par leurs rhétoriques géopolitiques et géostrategiques, la dédollarisation, les BRICS++, l’OCS, les BRI, etc..
• Pour gérer cette situation imposante et insolente, Trump essai d’être «pragmatique et fait appel au bon sens». Je n’y crois pas une seconde, j’ai déjà expliqué ça dans un article précédent. Trump a promis de mettre fin à toutes les guerres, celle de l’Ukraine comprise. Le vent apparemment ne souffle pas dans le sens que Trump désire. En fait, le désire-t-il ? Personnellement, je ne suis pas sûr. Il continue à livrer/proliférer ses intentions belliqueuses contre l’Axe de Résistance au Moyen-Orient. Il menace de mort et de massacre les résistants de Hamas s’ils ne libèrent pas les prisonniers de guerre israéliens, il menace les Iraniens de guerre génocidaire et il mène des bombardements contre les civils au Yémen depuis hier.
• Le penchant des Européens à continuer à guerroyer et à soutenir cette guerre abominable et injuste (et pas, seulement) semble de plus en plus catégorique surtout qu’ils se sentent délaissés et marginalisés par leur suzerain. Ce penchant est souvent revêtu/maquillé d’un stratagème et d’une entourloupe malveillante. Il s’agit essentiellement du risque de l’envahissement de toute l’Europe par le méchant Poutine.
• Pourtant, un QI moyen peut nous révéler que l’Europe n’a aucune chance de gagner cette guerre de haute intensité contre la Russie. L’Europe est mal garnie en armes nécessaires, elle ne dispose pas d’un système de renseignements performant, son économie est chancelante et ses citoyens ne sont pas motivés pour cette guerre malgré toute la propagande engagée. Le général Roberto Vanacci député européen italien a critiqué vivement von der Leyen, mais aussi Macron, «avec leur stupide peur des Russes, leur dépense insensée de 850 milliards d’euros pour une armée européenne, alors que de plus en plus de gens en Europe, sont pauvres, vivent en insécurité et que les églises brûlent dans le silence sépulcral des tenants des valeurs démocratiques». De même Georges Fenech clashe Macron sur CNews : «La menace russe est une grande manipulation mentale orchestrée par le président».
D’après tout ça et d’après ce qui se passe en Roumanie, en Palestine occupée, au Liban, au Soudan, en Syrie, et dans d’autres points chauds de la planète, d’après aussi le gap/le gouffre abyssal qui existe entre les déclarations de Poutine/de Lavrov et celle de Trump et ses collaborateurs sur les conditions pour mettre fin à la guerre en Ukraine, il me semble que les portes seront encore grandes ouvertes à une escalade d’une multitude de guerres et pas seulement de l’Ukraine. Si elles ne passent par ces grandes portes, elles vont certainement se faufiler à travers des minuscules fenêtres. L’impérialisme ne peut pas continuer à se générer en l’absence des guerres. En Europe et aux États-Unis, ce n’est sûrement pas du capitalisme/libéralisme au sens noble du terme, c’est plutôt du «néoconservatisme» pur et dur. Certes, il s’est nourri du capitalisme, il a même évolué dans ses entrailles et dans ses tripes. Le pic de son évolution se caractérise par l’hégémonie et l’arrogance. Heureusement, c’est là où se manifeste le point d’inflexion, le déclin et la régression. Nous vivons exactement ce moment, sauf que la tangente sera durable et cataclysmique. Les phénomènes lourds nécessitent beaucoup de temps pour qu’ils changent de tendance.
C’est mon point de vue et à chacun le sien.