Le Pérou s’embrase, la communauté internationale s’alarme

Le pays connaît une révolte qui ne cesse de monter, suscitant une sévère répression qui alarme l’Onu et l’Union européenne.

Une femme brandit un drapeau péruvien pendant une manifestation, vendredi 20 janvier, à Lima.
Une femme brandit un drapeau péruvien pendant une manifestation, vendredi 20 janvier, à Lima. | PILAR OLIVARES, REUTERS

Paysannes en chapeau et tenue traditionnelle colorée tentant de fuir des membres des forces de l’ordre casqués et lourdement harnachés, représentants amérindiens défiant de leur drapeau des rangs serrés de policiers retranchés derrière leur bouclier, manifestants blessés à terre, tirs de grenades lacrymogènes… Les images de la manifestation qui a dégénéré, vendredi 20 janvier, à Lima, illustrent bien la fracture existant entre le pouvoir et la population péruvienne.

Des heurts violents ont eu lieu ces dernières heures dans le pays, notamment dans le sud, à Ilave, où un manifestant est mort ce samedi 21 janvier, ce qui porte à quarante-six le nombre de morts depuis le début de la contestation (quarante-cinq civils, un policier). Dans cette ville, un commissariat a été incendié, tout comme un poste de police à Zepita, autre localité de la région de Puno, et un poste de douane à Desaguadero, dans le sud, à la frontière avec la Bolivie.

Arequipa, deuxième ville du pays, a aussi connu des affrontements aux allures de bataille rangée. Des manifestants ont lancé des pierres et allumé des feux, suscitant la riposte de la police et de l’armée avec des grenades lacrymogènes.

Une répression très sévère

Résultat, la communauté internationale s’alarme. L’Union européenne a condamné ce samedi 21 janvier la violence et « l’usage disproportionné »de la force par la police. Elle réclame des mesures d’urgence. Le Bureau des droits de l’homme de l’Onu a lui aussi donné l’alerte, ce samedi.

La présidente Dina Boluarte est, elle, déjà sous le coup d’une enquête de la procureure de l’État pour « génocide, homicide qualifié et blessures graves », tout comme les ministres de l’Intérieur et de la Défense.

La fronde populaire a commencé début décembre, lorsque le président de gauche Pedro Castillo, accusé d’avoir tenté un coup d’État en voulant dissoudre le Parlement, a été destitué. Dina Boluarte, qui appartient au même parti d’inspiration marxiste, Peru libre, a pris sa place. Mais la population, notamment celle qui habite le sud déshérité, n’a pas admis le départ de Pedro Castillo, un Amérindien dans lequel elle se reconnaissait. La contestation est d’ailleurs partie de la région de Puno, où habitent les Amérindiens Aymara.

Le peuple réclame donc le départ de Dina Boluarte, qu’il qualifie de « traîtresse » . Depuis un mois et demi, le pays résonne de slogans comme « Dina assassine » ou « Dina, le peuple te répudie ».

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Le pays continue par ailleurs à aller vers le blocage. L’état d’urgence a été décrété à Lima, Cuzco et diverses villes du pays. L’aéroport d’Arequipa est à l’arrêt, des routes sont bloquées. Ce samedi, le Machu Picchu, magnifique temple inca et merveille touristique du pays, a été fermé, ainsi que tous les accès y conduisant.