23 juillet 2024
 

 

par Alexis Tarrade

Il y a quelques jours de cela, le candidat Trump surfait sur une dynamique de campagne incroyable, suite à la tentative d’attentat dont il avait été la victime, son image s’était améliorée dans l’esprit des Américains ne faisant pas partie de sa base électorale traditionnelle. Son sacre lors du congrès républicain de Milwaukee de mi-juillet et le «ticket» qu’il incarne désormais avec le très conservateur JD Vance lui assure un plébiscite chez les électeurs de droite. Surtout il mettait en lumière le dynamisme et la détermination d’un candidat qui tout juste miraculé, dans un geste extraordinaire d’un aspect marketing et communication, levait le poing en l’air pour exhorter les américains à le suivre dans cette guerre pour la Maison-Blanche. Ce côté messianique, défiant toute rationalité faisait de Donald Trump le vainqueur assuré de cette présidentielle dans la tête de tous les américains comme dans toutes les rédactions aux USA.

Oui mais voilà, cette incroyable dynamique ne valait que par le fait que son adversaire était un président en activité tout aussi clivant que lui, au bilan décrié de tous et dont la situation médicale inquiétait au plus haut point même les Democrats les plus convaincus. Trump dans ce duel, était en fait favori non pas par sa capacité à être élu au-delà de sa base mais bien par l’incapacité à motiver et fédérer de son adversaire. La médiocrité de ce dernier fut mise au grand jour notamment lors du fameux débat du 27 juin dernier. L’humiliation subie par le camp de gauche et la soudaine compréhension que Joe Biden ne réussirait jamais dans les mois de campagne restants à renverser les sondages eurent en interne l’effet d’une bombe au parti des Ânes (rappelons que le «Donkey» est le symbole du Democratic Party). C’est alors que s’est mise en place une incroyable machine de guerre électorale. Dans un premier temps, l’opération consistait à faire accepter au président sortant la réalité factuelle de ses chances, à opérer auprès de ce dernier un travail de déstabilisation que ce soit auprès de ses sponsors ce qui aux USA est le nerf de la guerre, que dans ses soutiens politiques, médiatiques ou people. La chose fut simple et habilement réussie avec en point d’orgue l’annonce d’un bien soudain et inquiétant Covid pour l’octogénaire ! Qu’importe le fait que plus personne ne décède de ce virus désormais, l’impression donnée de fragilité et de risque vital pour le candidat démocrate à la présidentielle était actée dans l’imaginaire collectif.

La deuxième phase du plan était donc de trouver le candidat idoine à même de prendre au débotté la relève. La encore le plan était parfaitement huilé puisque en la personne de la vice-présidente Kamala Harris, les Democrats combinaient une personnalité connue nationalement et internationalement, qui du fait de ses fonctions inspirait la confiance quand à savoir exercer le poste tant convoité et qui par dessus tout était jeune (au regard des candidats en lice), issue des minorités et de sexe féminin ! En d’autres mots, un combo idéal de critères pour s’assurer le soutien de la 5ème colonne.

Si Biden était facilement attaquable sur son effroyable bilan, notamment concernant les questions de sécurité aux frontières et pour l’International, sa vice-présidente elle, aura tout loisir de se dédouaner des actions de ce dernier en expliquant avec fourberie qu’elle ne cautionnait pas les décisions prises mais qu’elle avait su rester fidèle à la fonction exercée et à son parti ce qui renforcera sa crédibilité vis à vis de l’américain indécis qui justement est l’enjeu plus que jamais de cette élection.

À cela, la désormais candidate va pouvoir, et c’est là le plus important, s’appuyer sur la machine médiatique américaine qui va quotidiennement intégrer le narratif du rêve américain et de tout ce que représente cette candidate dans le combat du «camp du bien» contre «l’obscurité» représenté par le populisme, l’ultra patriotisme des MAGA ou devrait-t-on désormais dire des MAGOA (Make America Great Once Again – RNC 2024).

Et c’est là qu’est le cœur de la victoire qui désormais s’annonce plus que jamais pour Kamala Harris. Des acteurs prendront la parole, des chansons réuniront des artistes, la gauche caviar de la Silicone Valley investira dans un «avenir plus humaniste», les minorités vont se soulever pour soutenir la diversité (cf Obama 2008). Mais plus encore, les médias pèseront de tout leur poids (et ils en ont) pour soutenir, valoriser, créer un mythe fantastique à Kamala. Pour tous ceux qui ont suivi les élections françaises de 2017, rien de ce qui va se passer dans les semaines à venir ne vous surprendra, pour les naïfs qui croient encore que le meilleur gagne… prenez la pilule bleue et restez dans la Matrice parce que à l’instar des derniers grands rendez-vous politiques en Europe comme en France, le «camp du bien» a cette force d’avoir noyauté en profondeur les institutions tout comme le vote des masses par un travail de sape et de longue haleine, par une manipulation mentale des foules qui tend à l’hypnose collective et c’est ainsi que depuis des décennies qu’il soit nommé Deep state, Young leaders, Macronisme ou tout autre appellation, il assure inéluctablement sa survie démocratiquement.

source : Stratpol